Jazz & Graphisme
Une exposition à la Médiathèque Musicale de Paris en partenariat avec la Fête du Graphisme
JAZZ&GRAPHISME
Une exposition en partenariat avec la Fête du Graphisme
La Médiathèque musicale de Paris s’invite à la Fête du graphisme 2016 autour du thème «Jazz et graphisme » en présentant une sélection de pochettes de jazz puisées dans ses collections de disques vinyles.
C’est en 1947 qu’Alex Steinwess illustra la première pochette d’un LP (Long Play Record), révolutionnant ainsi les tristes emballages dévolus aux 78 tours. Représenter visuellement un contenu musical est ainsi devenu, outre l’aspect purement promotionnel, la fonction majeure de la pochette illustrée.
Parallèlement, le jazz connut son apogée avec les grands orchestres de swing durant la décennie 1935-45, entamant par ailleurs sa révolution be bop à Harlem.
Dès lors, jazz et graphisme n’ont cessé de s’entremêler, et de se répondre tel le solo d’un instrument répondant aux autres, au gré de l’évolution des genres, avec par exemple des pochettes à la typographie de plus en plus incisive quand il s’agit du be bop ou du free.
L’exposition mettra en regard des compositions graphiques de Reid Miles, Saul Bass, John Berg, Andy Warhol, et des œuvres plus méconnues.
Avec comme seul parti pris celui de brouiller les pistes et les repères, en laissant à chacun le soin de créer ses angles d’approche et de réinventer l’histoire de son rapport au jazz, via ces pochettes dont la modernité graphique nous interpelle encore aujourd’hui.
L’exposition de la Médiathèque musicale de Paris aura lieu du mercredi 6 janvier au vendredi 25 mars 2016 du mardi au samedi de 12h à 19h.
Médiathèque Musicale de Paris
Aujourd’hui président de l’Académie des Beaux-Arts de Munich, le photographe Dieter Rehm commence sa carrière en 1977 après avoir frappé à la porte d’ECM, ses travaux sous le bras. La responsable de l’identité visuelle d’ECM, Barbara Wojirsch, tombe sous le charme. C’est le début d’une longue collaboration : Wojirsch et Rehm imposent leur style, et l’identité graphique d’ECM devient un must du genre.
- Enregistré en 1986, Avant POP et le 4ème album du trompettiste américain Lester Bowie cofondateur de l’Art Ensemble of Chicago,et du Lester Bowie’s Brass Fantasy, un nonet d’instruments à vent dans lequel il démontre les liens du jazz avec les autres formes de musique populaire.
On trouve peu d’informations sur Maria Eckstein. Il semble qu’elle n’ait travaillé qu’avec Don Ellis, dont elle a réalisé plusieurs pochettes : Haiku, Soaring, New Rythms, Tears of Joy.
Don Ellis lui a dédié un morceau sur Soaring, “Song for Maria”, et elle a même participé à l’interprétation de Haiku comme récitante. Tout laisse donc à penser que Maria Eckstein fut une proche de Don Ellis, qui disparu à l’age de 44 ans en 1978.
Son travail n’en reste pas moins remarquable et l’on ne saurait que trop vous encourager à découvrir le reste de son oeuvre.
- Don Ellis était un trompettiste américain né en 1938. Son œuvre est passionnante. Le grand public le découvrira avec son travail pour le cinéma, en particulier pour The French Connection.
Enregistré live en 1971 avec son Big Band, Tears of Joy marque un tournant plus “classique” dans l’œuvre du trompettiste, habitué aux approches plus “expérimentales” et connu pour son approche particulière du rythme.
Niklaus Troxler, artiste suisse-allemand, est reconnu internationalement depuis déjà de nombreuses années. Son travail est indissociable de sa fascination pour la musique ; il est notamment le directeur du Festival de jazz de Willsau, en Suisse centrale, qu’il a lui-même fondé en 1975.
Silhouettes géométriques, tracés libres, tâches, dessins stylisés, gamme chromatique restreinte, gestualité de l’écriture… ses affiches échafaudent des formes qui jouent avec la lisibilité et dérangent la perception. Une approche qui prolonge les courants artistiques du début du XXème siècle. Il puise en effet ses premières influences dans des mouvements comme le dadaïsme, le surréalisme et l’Op art.
Régulièrement primées, ses affiches font l’objet d’expositions dans le monde entier et sont intégrées aux collections de nombreux musées.
http://www.troxlerart.ch/
- Le Vienna Art Orchestra est un big band viennois donc la particularité est d’avoir revisité aussi bien les grandes pointures du jazz (Duke Ellington, Charles Mingus...) que les compositeurs de musique classique tels que Verdi, Wagner, Schubert, ou ici Erik Satie.
Rollo Phlecks : crédité comme photographe sur 158 disques, presque tous de jazz, et pourtant, impossible de trouver la moindre information sur l’artiste... Étrange !
C’est que “Rollo Phlecks”, est le pseudonyme de Hank O’Neal, fondateur du label Chiaroscuro Records sur lequel fut édité le disque de Dollar Brand. D’abord militaire et employé de la CIA, l’étrange Hank O’Neil reste aujourd’hui connu comme producteur de musique et surtout photographe : proche de Berenice Abbott et Andre Kertesz, il publie un grand nombre d’ouvrage, expose régulièrement et mène toujours de front cette double casquette artistique, dirigeant par exemple la Jazz Foundation of America. Il est considéré par le New York Times comme l’un es photographes américains les plus importants de sa génération.
http://www.hankoneal.com
- Dollar Brand est le projet du pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim. Pour ce tonitruant The Journey enregistré à New York en 1977, il s’entoure de Don Cherry, Hamiet Bluiett ou encore Carlos Ward...
Encore une mystérieuse Maria : Maria Teresa Tannozzini, dont on trouve si peu de traces dans les livres et sur internet.
Le peu que l’on connaît d’elle, c’est son travail pour le label de free jazz italien Horo Records : une dizaine de pochettes entre photographie noir et blanc et compositions graphiques. On devine une artiste accomplie, et l’on se prend a rêver d’aller mener l’enquête en Italie auprès d’Aldo Sinesio, le patron d’Horo Records qui a enregistré Sun Ra, Lester Bowie, Gil Evans, Max Roach, Archie Shepp et tous les musiciens “free jazz” qui passaient par l’Italie entre 1968 et 1978.
http://hororecords.blogspot.fr
- Sorti en 1978, Unity est un album live ou le Sun Ra Arkestra reprend un grand nombre de ses propre standards. Un disque à l’image de ses musiciens : brillant, déjanté, foutraque et inspiré.
Elisabeth Winckelmann a travaillé sur une centaine de pochettes de disques, tous sortis sur un seul et unique label : Enja Records. Et ce pour une raison bien précise : elle est l’épouse de Matthias Winckelmann, producteur et propriétaire de Enja Records.
Ils ont régulièrement travaillé ensemble sur les pochettes du label, Matthias à la photographie et Elisabeth au design, à l’instar de cette pochette de Kenny Barron.
Né en 1971, la grande particularité du label allemand est d’être toujours en activité aujourd’hui, et de continuer, 45 ans après, à sortir des disques auxquels Elisabeth Winckelmann collabore toujours en tant que graphiste.
https://www.enjarecords.com/
- What If ? est le 15ème album du pianiste américain qui fut repéré au sein du quartet de Dizzy Gillespie (de 1962 à 1967). Il a joué par la suite avec des pointures telles que Yusef Lateef, Freddie Hubbard, Ron Carter, Chet Baker, Stan Getz, ou Ornette Coleman.
Le trait vous fait penser à Jean Cocteau ? C’est pourtant un autre grand nom qui est derrière : Andy Warhol ! C’est qu’avant de devenir le roi du Pop Art, Andy Warhol a fait ses armes et ses premiers croquis pour une marque de chaussure, des vitrines de magasin, et même des cartes de voeux.
Ses premières pochettes de disques seront des illustrations pour de la musique classique : Carlos Chavez, Horowitz jouant Liszt, ou bien pour la musique de Rossini. Au milieu des années 50, il réalise plusieurs pochettes de jazz, et non des moindres : Count Basie, Thelenious Monk, Jimmy Griffin ou même Moondog. Celle de Kenny Nurrell existe d’ailleurs en plusieurs versions, déclinant en différentes couleurs les 2 volumes de son Blue Lights.
- Guitariste américain, Kenny Burrell a lui aussi joué avec les plus grands : Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Benny Goodman, Jimmy Smith, John Coltrane, Stan Getz, Gil Evans, Chet Baker.
Il enseigne aujourd’hui l’histoire du jazz à l’université de Los Angeles.
Illustrateur, graphiste, photographe, auteur : l’œuvre de Christopher Gray est aussi passionnante qu’aboutie. Constructivisme, cubisme, design graphique, pop art, épure aux couleurs explosives, le travail de l’artiste anglais qui paraît évident et facile d’accès, n’en est pas moins sophistiqué et érudit. Il travaille aujourd’hui sur une série de posters uniques, œuvre abordable mais ambitieuse, à l’image de son approche artistique, acclamée par la presse, les critiques et le public.
http://www.itsnicethat.com/articles/christopher-gray-posters
http://grainedit.com/2011/03/17/christopher-gray/
http://www.christophergray.eu/
- Formé en 1968, le trio Ganelin-Tarasov-Chekasin reste aujourd’hui l’une des références majeures de la scène free-jazz en Russie et en Lituanie pendant l’ère soviétique.
Vide est l’un de leurs albums les plus rares et n’a jamais été réédité.
http://www.allmusic.com/artist/ganelin-trio-mn0000765382/biography
De tous les graphistes dont on peut admirer le travail dans cette exposition, nul doute que Barbara Wojirsch fait partie des figures les plus importantes. Son nom est intimement lié à l’histoire d’ECM, l’un des plus importants labels de jazz européen.
ECM, qui veut dire “Edition of Contemporary Music” porte bien son nom : l’ambition affichée dès 1969 est de défendre une musique très européenne, un jazz et des musiques tournant autour du classique, de la musique contemporaine et des musiques du monde. ECM met alors en place une ligne esthétique intransigeante, tant en terme de son (très épuré, que certains jugeront très froid), de ligne artistique (on parlera souvent de “jazz de chambre”) qu’en terme de graphisme. Et c’est à Barbara Wojirsch que l’on doit cette forte identité visuelle. Présente depuis le début elle incarne, avec la complicité de Dieter Rehm, et jusqu’en 1997, la singularité du label allemand. Son graphisme est épuré, minimaliste, et se démarque des grandes tendances de l’époque (photographies, dessins...)
http://www.hardformat.org/designers/barbara-wojirsch-dieter-rehm-ecm/
- C’est un trio d’exception, au sommet de son art que l’on retrouve ici. Pour ECM il offre une version plus “propre” du free jazz, certes... mais il continue d’explorer les frontières du jazz “traditionnel” dans le sillage de la scène improvisée de l’époque.
La vie du peintre Byron Goto qui a réalisé cette magnifique pochette avec l’aide du graphiste Henry Epstein, pourrait résumer à elle seule toute un pan de l’histoire du XXème siècle. Né à Hawaï en 1919, l’américain a débuté ses études en Californie, avant de partir en 1941 pour l’Europe grâce à une bourse. C’est d’abord aux Beaux-Arts de Lausanne qu’il étudie le graphisme et l’art de concevoir des affiches. Il s’installe ensuite à Paris et travaille avec Fernand Leger. De cette époque il garde des conceptions liées au cubisme, au surréalisme et à l’existentialisme. C’est avec son retour à Chicago et ses expositions à New York que sa carrière prend son envol. D’abord peintre, il gagnera sa vie comme graphiste, directeur artistique et illustrateur... C’est à partir de 1971 qu’il se remet à peindre, et travaille pour la musique et le cinéma. On lui doit notamment la très belle pochette du premier album de The Soft Machine.
Byron Goto est mort en 2014 à l’âge de 95 ans.
http://artasiamerica.org/artist/detail/150
https://www.facebook.com/Byron-Goto-324266495090/
- Considéré comme l’un des premiers théoriciens du jazz,George Russell a été compositeur, pianiste, percussionniste, et chef d’orchestre. Il est le premier à avoir théorisé le jazz modal et il influencera plusieurs générations de musiciens : Bill Evans, Miles Davis, Coltrane, Mingus et bien d’autres... On le retrouve d’ailleurs sur ce disque en compagnie de deux grands noms : Don Ellis et Eric Dolphy. Il intégrera à partir des années 1960 la musique concrète, la musique électronique et le rock dans ses compostions. Ce grand nom du jazz est mort en 2009. A (re)découvrir !
Quel est le point commun entre le magazine Life, le New York Times, l’Encyclopaedia Britannica, Opera News, Chet Baker, Freddie Hubbard, et George Benson ?
Bob Ciano bien sûr !
L’homme aux 300 prix a en effet endossé toutes les casquettes que peuvent offrir le métier de graphiste. Il a travaillé avec nombre de photographes, illustrateurs et écrivains. Il enseigne aujourd’hui au California College of the Arts.
Pour ce qui est des pochettes de disques, l’artiste approche tranquillement la centaine de références, essentiellement des disques de jazz. Un bourreau de travail donc, dont la palette de styles va du plus classique au plus psychédélique, comme cette pochette réalisée en 1973 pour Paul Desmond.
http://hotpeasandbutta.com/checking-in-with-bob-ciano/
- Autour de Paul Desmond, Ron Carter à la contrebasse et l’immense Jack DeJohnette à la batterie. Skylark est un bon exemple du jazz de son époque, celui du milieu des années 1970, capable du meilleur comme du plus anecdotique. Le disque a la particularité de revisiter plusieurs titres de Purcell, des traditionnels, et contient également des compositions originales.